L'identification du but chez l'enfant ADHD

Chercheuses responsables : Céline Fortin (Thèse sous la direction de Laurence Rousselle)

L'une des facettes les plus remarquables de la cognition humaine est sans nul doute sa capacité d’autorégulation, par laquelle l’individu exerce un contrôle intentionnel sur ses pensées et ses actions (Chevalier, 2010). Ce contrôle est assuré par les fonctions exécutives, qui permettent la mise en place de conduites complexes et adaptatives, notamment dans des situations nouvelles qui ne peuvent être résolues par la mise en œuvre de routines d’action. Les travaux développementaux ont mis en évidence un développement long et progressif des fonctions exécutives, depuis les premiers mois de la vie jusqu’à l’âge adulte ainsi qu’une implication dans la plupart des acquisitions cognitives complexes (résolution de problèmes, catégorisation, théorie de l’esprit, …). En outre, elles entretiennent des liens étroits avec la réussite scolaire, notamment en lecture et en mathématiques (Bull & Scerif, 2001) ainsi que l’attention en classe (Friedman et al., 2007). En effet, un déficit au niveau des fonctions exécutives est un des éléments pouvant amener au diagnostic de troubles attentionnels avec hyperactivité.

      Un des déterminants essentiel du contrôle exécutif chez l’enfant est sa capacité à identifier ce qu’on attend de lui (le but de la tâche). Bien que certains buts et leur poursuite échappent à la conscience, la plupart d’entre eux sont représentés consciemment et leur atteinte requiert du contrôle exécutif (réguler sa pensée et ses actions face à l’interférence d’informations environnementales non pertinentes pour l’activité à réaliser). La fonction même du contrôle exécutif étant d’assurer la mise en œuvre des conduites qui permettent d’atteindre les buts que l’individu s’est fixé, ce contrôle ne peut être implémenté sans représentation du but à atteindre. Cette thématique est depuis longtemps au cœur des modèles qui tentent de comprendre le contrôle exécutif car elle permet d’apporter un éclairage nouveau sur le développement du contrôle exécutif chez l’enfant. De récents travaux suggèrent que ce contrôle ne reposerait pas exclusivement sur une capacité croissante à implémenter les processus qui guident les actions vers l’atteinte des buts pertinents. Il dépendrait également, pour une large part, de la capacité croissante à traiter les informations disponibles dans l’environnement afin de déterminer quels sont les buts à atteindre et par conséquent les conduites les plus appropriées (e.g., avec l’âge, un regard désapprobateur suffit là où des réprimandes verbales étaient nécessaires).