Lecture et déficience intellectuelle syndromique

Développement et apprentissage de la lecture dans les déficiences intellectuelles

Chercheuse impliquée : Annick Comblain

La lecture est une habileté complexe et composite faisant intervenir un certain nombre de compétences de base. Le but de la lecture est d’extraire de la signification à partir d’un texte écrit. Pour atteindre ce but, les deux composantes essentielles nécessaires reprises dans l’équation de Gough et Tunmer (1986) sont le décodage, c’est-à-dire la transformation du matériel écrit en parole (processus dépendant de l’automatisation du principe alphabétique) d’une part, et la compréhension du langage d’autre part.

Il existe peu d’études sur le développement de la lecture et des capacités de décodage des personnes présentant une déficience intellectuelle d’origine génétique telle que la trisomie 21 ou le syndrome du X-Fragile. Le peu d’attentes et de compétences en la matière généralement prêtées aux personnes porteuses d’une déficience intellectuelle (DI) n’est sans doute pas étranger à ce manque de données. Par ailleurs, le déficit marqué au niveau des compétences langagières en général et, plus particulièrement dans la compréhension du langage est de nature à influencer négativement, si on se réfère à l’équation de Gough et Tumner, leurs compétences en lecture.

De manière générale, il est admis à l'heure actuelle qu'il existe une corrélation positive entre le niveau de conscience phonologique et les habiletés de lecture et d’orthographe. Bien que peu nombreuses en regard de la littérature sur le développement du langage oral, les publications sont assez contradictoires sur le rôle joué par la conscience phonologique dans l’acquisition de la lecture chez les personnes T21. Certains auteurs avançant même que les résultats aux épreuves de conscience phonologique n’interviendraient que pour une très faible partie de la variance des performances de décodage de non-mots chez les enfants T21 suggérant dès lors que la conscience phonologique est bien moins liée aux capacités de décodage dans cette population qu’elle ne l’est chez l’enfant en développement normal.

Au-delà de l’intérêt théorique de la question, il est cliniquement et pédagogiquement important d’appréhender de manière plus précise le processus d’acquisition de la lecture chez les personnes DI et de cerner les variables qui influencent de manière significative la qualité de cet apprentissage. En effet, dans une société où on prône de plus en plus une politique d’intégration voire d’inclusion des enfants DI, la question des apprentissages scolaires revêt une importance particulière autant pour la pratique en classe que pour la prise en charge logopédique.

Dans ce projet nous comptons nous centrer sur les l’étude des aspects suivants :

  • La détermination des variables (le niveau de conscience phonologique et vocabulaire) influençant la maîtrise de la lecture et leurs poids respectifs dans le processus d’apprentissage chez les personnes DI
  • L’étude des différences de performances selon les méthodes d’enseignement (globales ou analytique) utilisées avec les enfants DI
  • L’étude de l’adaptation du matériel écrit et, plus particulièrement, influençant la lisibilité (augmentation de l’espacement des lettres au sein des mots et des mots au sein de phrases) de manière à augmenter le confort de lecture en diminuant l’effet de crowding.

Quelques références en libre accès sur le sujet : 

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